Point de vue
Art naïf, art populaire, art autodidacte, peu importe le nom qu’on lui donne, l’art qui se pratique en marge d’une formation officielle rencontre la faveur d’un large public. Au-delà du coup de foudre bien connu des collectionneurs, l’intérêt pour ces œuvres, au même titre que pour celles de l’art officiel, peut s’évaluer à partir de bien des critères. Mais certaines qualités sont fondamentales, ce sont l’authenticité et la spontanéité.
Sans les ranger dans une école ou un mouvement, on peut classifier les artistes autodidactes sous quatre grands groupes: les contemporains qui nous parlent de leur vie et de leurs intérêts; les folkloriques qui s’intéressent à un passé révolu en rappelant des paysages, des faits ou des légendes appartenant à une tradition ancienne; les oniriques dont les œuvres puisées dans l’imaginaire sont le plus souvent esthétisantes et le grand groupe dit de « l’art brut » qui englobe l’art thérapeutique et celui par lequel s’expriment les personnes déficientes ou ayant des troubles importants de personnalité. Ces divisions ne sont évidemment pas étanches et sont en fait plus pertinentes pour appréhender les œuvres que les artistes eux-mêmes.
Les « contemporains » apportent une contribution particulièrement intéressante, car ils participent à un mouvement non structuré, mais émergeant qui, dans une société largement scolarisée et informée, accorde aux artistes autodidactes la possibilité d’exister en dehors d’un univers traditionnel. Dans les œuvres naïves, il faut maintenant s’attendre à voir des motoneiges, des VTT, des références à la littérature populaire et savante, des chantiers de construction et des fêtes populaires où l’on ne danse plus quadrille.
François Tremblay
Muséologue